Scèbe urbaine
Elle marche dans la ville
En remontant des files
De gens de tous les âges
D'un pas rapide et sage
Les flaques d'eau évitant
Ainsi que les passants.
S'arrêtant tout d'un coup
Elle se demande bien où
Ces âmes si pressées
S'en vont sur la chaussée
Le nez viré par terre
Sans remarquer leurs frères.
Aucun ne se sourie
Il manque un peu de vie
Dans leurs regards hagards
Ils vont vers nulle part.
Beaucoup tiennent en main
L'appareil sacro-saint
Cordon qui les relie
À d'incertains amis.
Elle se sent décalée
Sent sa tête tourner
Par tant d'indifférence
Par tant de suffisance.
Un passant toutefois
S'est retourné ma foi
Sur elle, immobile,
Fragile et gracile.
Ces gens ont-ils une âme ?
Alors telle une lame
Emportée aussitôt
Elle suit alors le flot
De cette marée humaine
Dans cette scène urbaine.
Certains vont s'engouffrer
Dans de tentantes entrées
D'autres sans dire un mot
Dans les bouches du métro
Descendent d'un pas sûr
Rasant un peu les murs
Pour ne pas se frotter
Aux gens agglutinés
À écouter un noir
Jouant de la guitare.
Elle n'a pas remarqué
Qu'elle même est arrivée
Au bout de son chemin
Son hâvre n'est pas loin.
Déjà d'y être elle tend
Loin du bruit incessant.